Centre d’affaires versus espaces de Coworking : quelles différences et pour quels types d’utilisateurs ?
Les centres d’affaires et les espaces de coworking font partis d’une autre catégorie d’immobilier d’entreprise, dit « alternatif ». Cet immobilier est « alternatif » car il propose une solution différente du marché traditionnel, à la fois dans son modèle économique, dans les fonctionnalités et les prestations qu’il propose à ses clients / utilisateurs, mais aussi dans le cadre de travail qu’il peut offrir.
Deux des trois grandes typologies de tiers-lieux présentés ci-après ont chacune apporté, avec son époque, une nouvelle segmentation du marché de bureau : d’abord les centres d’affaires (dans les années 1980), puis les espaces de coworking du milieu à la fin des années 2000.
Quelles sont les différences entre ces deux types « d’espaces de travail partagés », termes qui inondent le monde de l’immobilier dans la presse et les réseaux sociaux ? Quels sont les avantages et inconvénients de ces espaces pour un utilisateur ?

Centre d’affaires Buro Club Champs-Elysées

Espace de coworking Morning OS Bagnolet
Le Centre d’affaires : quelques éléments de contexte et de définition
Les centres d’affaires sont les premiers tiers-lieux à émerger dans le monde de l’immobilier. Leurs origines se retrouvent dans le cœur des métropoles américaines, avant de s’exporter en Europe, notamment en France (Paris), et en Océanie (Australie Sydney).
Deux types de centre d’affaires caractérisent le marché : d’un côté, les grands groupes nationaux et internationaux (BuroClub, Regus par exemple), et de l’autre, un nombre majoritaire de petits centres d’affaires indépendants, pour la plupart actifs depuis les années 90 et 2000 (sources Startway).
Un contrat de prestation plutôt qu’un bail
Qu’il soit de taille modeste ou de taille conséquente, l’essence même du centre d’affaire est de proposer un espace composé de locaux de toute tailles, entièrement meublés et équipés, généralement cloisonnés, pour une durée déterminée.
Dans la plupart des cas, un contrat de prestation de services est proposé : en effet, la fourniture de prestations de services, dont la mise à disposition de locaux pour de très courtes durées étant l’objet principal du contrat, celui-ci permet donc d’être libre de toute durée minimale de location, qui serait imposée par un bail. Le contrat de prestations de services échappe donc au droit immobilier et au droit commercial sur les baux.
Ces modalités locatives sont propices pour les petites entreprises qui ne souhaitent pas s’engager sur le long terme. Par exemple, qu’il s’agisse d’entreprises installées à l’étranger ou dans une autre région du pays et ayant besoin d’un ancrage local, d’entreprises en transition, connaissant une croissance rapide et dont l’espace actuel devient insuffisant, ou dont les locaux actuels / futurs en travaux (solution d’hébergement transitoire).
Quelques prestations « types » que l’on peut retrouver dans un centre d’affaires
1. Location de bureaux isolés ou ouverts, équipés, avec possibilité de louer une salle de réunion ou de réception, selon les besoins, et dont l’entretien et la sécurité sont assurés par le gestionnaire, dans une adresse ou un environnement urbain plutôt prestigieux en général. L’occupant bénéficie également de locaux à la décoration sobre, professionnelle, et qualitative.
2. La domiciliation de l’entreprise, permettant d’installer le siège social. Le centre d’affaires devient ainsi l’adresse commerciale, fiscale, et administrative de l’entreprise. Cette domiciliation est possible par le biais d’un contrat de domiciliation, et doit être signé pour une durée minimale de 3 mois.
3. Des services mutualisés : secrétariat, gestion de courrier, (qui vous soulagent alors du travail administratif), l’accès à un réseau internet de qualité (wifi, Ethernet).
4. Des contrats de prestations de services allant de 3 à 12 mois, plus souples qu’un bail 3/6/9 et incluant 3 mois de préavis.
5. Une implantation dans un ensemble immobilier possédant de grandes surfaces, permettant à l’entreprise d’intégrer d’autres bureaux voisins inoccupés.
Deux types de tiers-lieux différents qui tendent pourtant à se confondre
Objectif Ville a depuis quelque temps constaté, à travers plusieurs entretiens menés auprès de de différentes gestionnaires, que certains centres d’affaires se sont lancés dans des versions d’espaces de bureaux plus ouverts qu’ils qualifient eux-mêmes volontiers « d’offre complémentaire en coworking ». Une qualification qui est cependant nuancée voire contestée par certains opérateurs du milieu du coworking … Une stratégie pour fidéliser les professionnels nomades jusqu’ici uniquement captés par les espaces de coworking ?
L’espace de coworking : un esprit de communauté avant tout
La différence entre centres d’affaires et espaces de coworking peut d’ores et déjà se trouver dans la nature des mots utilisés par chacun des acteurs : les gestionnaires des centres d’affaires mentionneront davantage le terme de « grands bureaux partagés », communément appelés openspace, à l’inverse que des gestionnaires des espaces de coworking qui insisteront plutôt sur la notion « d’espace de travail collaboratif et animé ».
A l’origine, les centres d’affaires proposent des prestations davantage axées sur la mise à disposition d’espaces de bureaux et des services clients connexes, mais l’animation de cet espace n’est pas l’essence même du centre d’affaires : à l’inverse des espaces de coworking, où les principaux arguments de vente sont avant tout la « convivialité », « l’échange », et les « synergies humaines et professionnelles » entre les occupants.
Des origines américaines… mais aussi européennes
En effet, si la création « officielle » de la notion de coworking a été attribuée à la Silicon Valley en 2005, il n’en reste pas moins que des initiatives du même type existaient déjà, notamment à Berlin : sous couvert de la notion « d’hackerspace » (espace dédié à un champs d’application particulier, autour d’un outil ou d’un projet spécifique, rassemblant des groupes de passionnés possédant un intérêt commun, souvent en lien avec l’informatique, la technologie, les sciences ou les arts définition Objectif Ville).
Un public cible initialement différent
En réalité, cette dichotomie cache le fait que les publics cibles sont différents : les espaces de coworking ont plutôt vocation, à l’origine, d’attirer les « freelances » type journalistes, développeurs, graphistes, traducteurs, designers – bien que le développement du nombre d’espaces de coworking tendent à inciter des entreprises plus « traditionnelles » à s’y implanter — quand les centres d’affaires, par leurs cadres plus formels et leurs tarifs plus onéreux, attireront des entreprises ayant une capacité financière plus importante, à l’âge médian plus élevé, avec un effectif salarié parfois plus conséquent.

Centre d’affaires Le Centre Stéphanois

Espace de coworking Morning OS Bagnolet
L’espace de coworking : entre animation, « création de valeur », et flexibilité
Les prestations « classiques » des espaces de coworking, et bien qu’elles peuvent différer selon le concept vendu, sont bien souvent les suivantes :
1. Un environnement de travail au cadre soigné, souvent articulés autour décor-concept (café, détente, art-déco…). L’identité du lieu est un critère primordial de différenciation, les opérateurs misant sur un environnement de travail susceptible d’augmenter la productivité et la créativité via un cadre plus énergisant et innovant.
2. Les occupants potentiels ont le choix de payer des loyers par jour ou par mois, pour 3 types d’offres : un poste nomade, un poste en bureau partagé (openspace), ou un poste en bureau privatif équipé. Chaque modalité d’occupation correspond à un loyer différent, le poste nomade proposant des tarifs moins élevés et le bureau privatif le plus souvent le plus coûteux.
3. La taille de l’espace de coworking qui diffère du centre d’affaire avec un une taille moyenne de 300 m² contre 500 à 3 000 m² pour les centres d’affaires (sources Startway), favorisant donc une plus grande proximité entre les membres, et bien sûr cette « synergie » tant recherchée. Cet argument de la part de certains opérateurs de coworking est aujourd’hui à nuancer, dans la mesure où les espaces de coworking présentent des surfaces de plus en plus importantes, et qui misent sur ces surfaces conséquentes pour obtenir un retour sur investissement plus rapide (WeWork, Morning…).
4. Des conditions contractuelles et des services plus souples : préavis à partir d’un mois, contre trois pour le centre d’affaire, des services moins forfaitisés (pas d’accueil téléphonique, pas de prise en charge du courrier…).
5. Un espace animé par le gestionnaire avec l’organisation de séminaires, d’événements, et d’animations situés dans les espaces communs (cuisine, patio, jardins, cour extérieure…).
In fine, que l’on soit séduit par les centres d’affaires ou les espaces de coworking – dont les différences d’offres, de surfaces et de publics cibles tendent à se réduire – ces tiers-lieux semblent répondre à des besoins exprimés de plus en plus fréquemment par des entreprises existantes ou en création, qui cherchent désormais à délaisser la gestion immobilière et tout ce qui en découle (loyers, charges, assurances, contribution économique territoriale…).
Elles délaissent en conséquence des offres en immobilier d’entreprise traditionnel qu’elles jugent de plus en plus « cloisonnées », que ce soit sur les modalités de bail (3/6/9), ou sur l’environnement de travail qu’il leur est proposé.